Eure : Les enquêteurs démunis face à un crime avoué mais sans cadavre

casse-tête – Un automobiliste a été écroué en juin pour avoir tué dans l’Eure une cycliste. Problème : le corps de la victime n’a pas été retrouvé

Un suspect mais pas de victime. Un automobiliste de 46 ans a été mis en examen et écroué en juin pour avoir tué dans l’Eure une cycliste. Problème : le corps de la victime n’a pas été retrouvé et les enquêteurs (les gendarmes de la section de recherche de Rouen et de la brigade de recherche de Bernay) cherchent toujours à l’identifier, a fait savoir ce mercredi le parquet d’Evreux.

L’affaire, plus que déroutante, remonte à la mi-mai. A cette époque, une femme se présentait à la gendarmerie de Dieppe pour dénoncer un meurtre commis par son ex-compagnon deux mois plus tôt. Selon elle, le 9 mars dernier, ce charpentier d’origine polonaise dont elle venait de se séparer, l’avait appelée, « manifestement paniqué et sous l’emprise de l’alcool, pour lui dire qu’il venait de tuer quelqu’un » en voiture.

 

« Il l’avait achevée en lui portant plusieurs coups de pelle »

Le 13 mars, son ex-compagnon lui avait confié avoir percuté une femme qui circulait à vélo alors qu’il était ivre, a précisé ce mercredi procureur de la République d’Evreux, Rémi Coutin. Et d’ajouter : « Cette femme était âgée d’une soixantaine d’années et ressemblait, selon ses termes, à une clocharde. »

L’homme lui a raconté avoir chargé le corps et le vélo dans son véhicule avant de les cacher dans un talus et être revenu avec une pelle pour les enterrer. A son retour, la cycliste étant toujours vivante, « il l’avait achevée en lui portant plusieurs coups de pelle avant de l’enterrer, avec son vélo », selon le récit rapporté par le magistrat. Le charpentier avait déclaré, le 10 mai, le vol de son véhicule, qui avait été découvert calciné le 12 avril sur un chemin.

 

« Mais nous nous trouvons face à une situation particulière »

Interpellé le 21 juin, le suspect a donné, lors de sa garde à vue, « deux versions diamétralement opposées », toujours selon le parquet : d’abord celle « d’une blague à son ex-compagne afin qu’elle le prenne en pitié et revienne vivre avec lui », avant d’expliquer qu’il avait « bien percuté une cycliste », mais que « celle-ci s’était remise et avait pu repartir ». Finissant par reconnaître avoir incendié lui-même son véhicule, il « se murait dans le silence » lorsque les enquêteurs lui demandaient pourquoi.

 

Mis en examen des chefs « d’assassinat, recel de cadavre, destruction de preuves et dénonciations mensongères », le charpentier a alors été placé en détention provisoire et n’a pas, depuis, déposé de demande de remise en liberté. « Mais nous nous trouvons face à une situation particulière puisque nous n’avons pas de corps, et nous n’avons pas non plus d’identité quant à la victime supposée », a souligné Rémi Coutin. Les fouilles dans la zone de l’accident et de l’enfouissement du corps n’ont rien donné. « C’est du jamais vu en 23 ans d’exercice », a ajouté le procureur, qui a donc lancé un appel à témoins persuadé que le crime « a eu lieu ».

Toute personne susceptible de détenir des éléments peut contacter le 07 77 20 64 00

 

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