Lyon : Hosties sanglantes, messes noires et décoctions à l’urine… Les intrigantes pratiques de l’abbé Boullan

 

Exorciste incompris ou sataniste convaincu ? L’abbé Joseph-Antoine Boullan a suscité bien des controverses. « 20 Minutes » et le site RetroNews vous dévoilent à l’occasion d’Halloween les vies des sorcières et sorciers de chez nous

 

Exorciste incompris ou sataniste convaincu ? L’abbé Joseph-Antoine Boullan a suscité bien des controverses. « 20 Minutes » et le site RetroNews vous dévoilent à l’occasion d’Halloween les vies des sorcières et sorciers de chez nous
Les années fioles – Exorciste incompris ou sataniste convaincu ? L’abbé Joseph-Antoine Boullan a suscité bien des controverses. « 20 Minutes » et le site RetroNews vous dévoilent à l’occasion d’Halloween les vies des sorcières et sorciers de chez nous

Des « yeux de flamme », « d’illuminé » qui semblaient « fouiller dans les cerveaux », un « petit homme à la mâchoire puissante, au bon rire, de cœur simple et doux ». Sur son visage, des rides « au coin de l’œil gauche » qui dessinent « un pentagramme kabbalistique (étoiles à cinq branches) ». C’est ainsi que l’essayiste Jules Bois décrit son ami, l’intriguant abbé Joseph-Antoine Boullan. Un prêtre déchu, présenté comme une figure de proue du satanisme au XIXe siècle et décédé de façon bien mystérieuse à Lyon en 1893.

L’homme, docteur en théologie et passionné de phénomènes surnaturels, se tourne progressivement vers les pratiques occultes. Sa rencontre avec la sœur Adèle Chevalier en 1856, alors qu’il officie comme prêtre au diocèse de Versailles, s’avère déterminante.

 

Exorciste incompris ou sataniste convaincu ? L’abbé Joseph-Antoine Boullan a suscité bien des controverses. « 20 Minutes » et le site RetroNews vous dévoilent à l’occasion d’Halloween les vies des sorcières et sorciers de chez nous
Les années fioles – Exorciste incompris ou sataniste convaincu ? L’abbé Joseph-Antoine Boullan a suscité bien des controverses. « 20 Minutes » et le site RetroNews vous dévoilent à l’occasion d’Halloween les vies des sorcières et sorciers de chez nous

Des « yeux de flamme », « d’illuminé » qui semblaient « fouiller dans les cerveaux », un « petit homme à la mâchoire puissante, au bon rire, de cœur simple et doux ». Sur son visage, des rides « au coin de l’œil gauche » qui dessinent « un pentagramme kabbalistique (étoiles à cinq branches) ». C’est ainsi que l’essayiste Jules Bois décrit son ami, l’intriguant abbé Joseph-Antoine Boullan. Un prêtre déchu, présenté comme une figure de proue du satanisme au XIXe siècle et décédé de façon bien mystérieuse à Lyon en 1893.

L’homme, docteur en théologie et passionné de phénomènes surnaturels, se tourne progressivement vers les pratiques occultes. Sa rencontre avec la sœur Adèle Chevalier en 1856, alors qu’il officie comme prêtre au diocèse de Versailles, s’avère déterminante.
L’influence de Sœur Adèle

Deux ans plus tôt, la jeune nonne atteinte de cécité recouvre la vue. Un miracle qu’elle attribue à la Vierge Marie. Très vite, la nouvelle se répand. Et intrigue. On l’envoie visiter l’abbé Boullan, connu pour sa science théologique et mystique. Il est le seul à pouvoir confirmer que la jeune femme a été guérie grâce à une intervention divine. C’est d’ailleurs ce qu’il fera en se rendant au Vatican pour rencontrer le Pape et attester du miracle.

De retour de Rome, l’abbé va se rapprocher de sa protégée avec laquelle il entame une relation. Ensemble, ils fondent « L’Œuvre de la réparation des âmes » aux pratiques bien peu conventionnelles. Bientôt, on signale de l’intérieur ce qu’il s’y passe. Les plaintes remontent jusqu’à l’évêque de Versailles.

 

Cataplasmes aux excréments et sirops à l’urine

Le prêtre a pour mission de soigner les religieuses censées être possédées par le Démon. Mais les méthodes employées s’avèrent bien étranges, autant que les remèdes proposés. Pour exorciser le Malin, l’abbé n’hésite pas à cracher dans la bouche des victimes, à les badigeonner de matières fécales, ou à leur faire boire sa propre urine, parfois mélangée à celle de la sœur Adèle. Sans oublier les séquences, au cours desquelles les nonnes sont invitées à se frotter nues les unes contre les autres. On dit aussi, sans preuve certifiée, que le prêtre aurait fait disparaître son enfant, celui né de ses amours avec Adèle. A l’extérieur, l’abbé et sa complice monnaient chèrement leurs services auprès de ceux qui veulent obtenir les grâces de la Vierge Marie, ce qui leur vaudra d’être condamnés à trois ans de prison pour escroquerie.

 

Une fois sa peine purgée, Boullan va continuer ses pratiques d’exorcisme. Mais il commence sérieusement à agacer sa hiérarchie. L’archevêque de Paris, le cardinal Guibert, voit rouge. Il lui interdit d’officier. Mécontent, l’intéressé se rend au Vatican pour plaider sa cause et contester vigoureusement cette sanction. Pas de chance. Le Saint-Père ne le porte pas dans son cœur, lui non plus. Boullan est donc chassé sans ménagement, banni. Définitivement déchu. C’est à ce moment-là, en 1876, qu’il s’établit à Lyon, pour rejoindre la secte du prophète mystique Eugène Vintras. A son mort, il se proclame comme son unique successeur.

Toujours vêtu de sa longue robe de cachemire vermillon, serrée à la taille par une corde blanche et noire, et de son manteau « découpé sur la poitrine en forme de croix, la tête en bas », l’abbé déchu fascine ses admirateurs, autant qu’il répugne ses détracteurs. Dans la loge qui l’abrite rue de la Martinière, on lui envoie les « enfants noués » qu’il guérit au moyen de pierres précieuses. Ou les femmes atteintes de maladies génitales sur lesquelles il appose des hosties consacrées, atteste l’écrivain Joris-Karl Huysmans dans son roman « Là-bas ».

 

« Sorcier et fauteur d’une secte immonde »

Mais ses nombreux ennemis, infiltrés dans la secte, retiennent bien d’autres choses : les messes noires, le sang des souris blanches nourries aux hosties consacrées utilisé pour évacuer les « envoûtements de haine », sa doctrine dans laquelle l’acte sexuel occupe une grande place. Pour qu’elles se puissent se racheter, l’abbé conseille à ses fidèles d’avoir des relations sexuelles avec leur « supérieur religieux ». Lui, en l’occurrence. Par ailleurs, ne dit-on pas de lui qu’il s’était fait tatouer la croix du Christ sous le pied afin de « marcher sur le sauveur » ? Les faits ne seront jamais avérés mais l’abbé, considéré comme « sorcier et fauteur d’une secte immonde », finira par être jugé pour satanisme devant un tribunal initiatique. Il sera aussi condamné par l’Eglise, sa secte est dissoute.

Mais lui s’érige en victime, persuadé que d’autres occulteurs, dont Stanislas de Guaita, cherchent à l’envoûter. Ses amis Jules Bois et Huysmans en sont, eux aussi, convaincus. « Il me montra sa jambe traversée jusqu’à l’os par des effluves sataniques, et les balles des pistolets fluidiques avaient creusé davantage encore son ascétique poitrine », atteste le premier.

La veille de sa mort, Boullan écrit à Huysmans. « Cette nuit, un terrible accident a eu lieu. Je me suis éveillé suffoqué et j’ai crié : j’étouffe ». Il raconte avoir « été entre la vie et la mort » pendant trente minutes. Le signe que ses ennemis lui veulent du mal. Son décès, constaté le 4 janvier 1893, donnera ensuite lieu à une incroyable médiatisation alimentée par les incessantes accusations portées, d’un côté, par ses nombreux détracteurs, de l’autre, par ses rares amis cherchant à le réhabiliter.

 

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crédit photo: capture d’écran

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