Les laboratoires de biologie médicale protestent contre la baisse de leurs tarifs. Ils suspendent la transmission des résultats des tests Covid sur la plateforme nationale SI-DEP.
C’est un coup de gueule des laboratoires de biologie médicale, ceux-là mêmes sollicités depuis la crise sanitaire pour participer aux campagnes de dépistage du Covid-19.
À compter du jeudi 27 octobre 2022 et « jusqu’à nouvel ordre », « la transmission des données de dépistage du Covid-19 sur la plateforme SI-DEP (système d’information de dépistage du Covid-19) » est suspendue », annonce ce mercredi dans un communiqué l’Alliance de la Biologie Médicale (ABM). Sont concernés les résultats des tests PCR, antigéniques et sérologiques réalisés en laboratoire.
L’organisation, qui fédère l’ensemble des acteurs de la biologie médicale française, représentants syndicaux (Biomed, SDB, SLBC, SNMB) comme des réseaux de laboratoires (Biogroup, Cerba HealthCare, Eurofins, Inovie, LBI, Synlab, Unilabs), justifie cette action en dénonçant « la surdité des pouvoirs publics sur les risques qu’un rabot de 250 millions d’euros chaque année jusqu’en 2026 ferait peser sur les laboratoires de biologie médicale ».
Après plusieurs avertissements et à défaut de dialogue avec le gouvernement sur le coup de rabot imposé à la profession, les acteurs de la biologie médicale suspendent la transmission des données SI-DEP.
Pourquoi une telle décision ?
Cette décision intervient dans le cadre de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2023, dont la partie 3 était soumise au 49.3.
Dans le texte retenu par le gouvernement figure l’article 27, prévoyant « d’imposer une baisse de 250 millions d’euros par an jusqu’en 2026 sur les dépenses de biologie courante ».
Le gouvernement souhaite ainsi les obliger à revoir à la baisse par arrêté les tarifs de leurs examens courants (hors dépistage Covid).
Cette mesure ainsi que l’amendement visant à garantir malgré tout un maintien du maillage territorial inquiètent les professionnels de biologie médicale, qui craignent des « risques majeurs qu’une nouvelle baisse structurelle du budget des actes de biologie du quotidien ferait peser sur la profession en termes de maillage territorial, d’emploi, de capacité d’investissements, etc ».
À la place, ils proposaient une solution alternative, une « contribution exceptionnelle centrée sur leur suractivité exceptionnelle due au Covid ».
Non à un rabot aveugle sur les dépenses de biologie courante.
Il serait impensable de clouer au piloris, en lui imposant 20 % du total des économies demandées, une profession exemplaire qui a permis à la Sécurité sociale d’économiser 5,2 milliards d’euros ces 9 dernières années et représente à peine 2 % du total des dépenses de santé.
« Face à ce refus manifeste des pouvoirs publics d’entendre leurs préoccupations, les membres de l’Alliance de la Biologie Médicale ont décidé de prendre des mesures fortes pour démontrer aux pouvoirs publics la dangerosité d’un tel projet », explique l’organisme.
Qu’est-ce que ça change pour les usagers ?
Dans ce bras de fer entre biologistes et gouvernement, quelles conséquences pour l’usager ? « Aucune conséquence », assure à actu.fr un porte-parole de l’Alliance de la Biologie Médicale.
Les patients qui viennent se faire tester en laboratoire continueront bien de recevoir leurs résultats.
Mais les laboratoires ne transmettront plus ces informations à la plateforme nationale SI-DEP, qui permet en grande partie d’assurer le suivi de l’épidémie en France.
Dans les prochains jours, il sera donc difficile d’avoir une bonne vision de la situation de l’épidémie dans le pays.
Une condition pourtant obligatoire pour que les laboratoires se fassent rembourser les tests par l’Assurance maladie.
« Cette décision a un coût financier non-négligeable pour les biologistes médicaux », pointe l’Alliance, estimé au total « à 14 millions d’euros par semaine », nous précise-t-on.
Sollicité par actu.fr, le ministère de la Santé ne s’est pas encore exprimé sur le sujet.
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