Dans la nuit du mardi 11 au mercredi 12 décembre, la traque de l’assaillant ayant fait trois morts sur le marché de Noël de Strasbourg était toujours en cours.
“Un homme, sur trois points de la ville, a semé la terreur, a tué trois personnes, en a blessé 12, dont 6 sont en urgence absolue”, a déclaré aux alentours de 2h30 du matin le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, indiquant que la France passait désormais en “urgence attentat” pour “éviter tout risque de mimétisme”.
Un dispositif qui prévoit notamment des contrôles renforcés aux frontières et sur tous les marchés de Noël.
Après avoir présidé la cellule de crise place Beauvau, Emmanuel Macron a exprimé la “solidarité de la Nation tout entière pour Strasbourg, nos victimes et leurs familles”. Pour l’heure, le suspect est toujours en fuite.
Bilan, traque, évolution de la situation sur place… Le HuffPost fait le point sur ce que l’on sait sur cette enquête, qui a été confiée à la section antiterroriste du parquet de Paris.
Que s’est-il passé?
Il est 20H30 quand le premier adjoint au maire de Strasbourg Alain Fontanel lance un message d’alerte sur Twitter: “Fusillade dans le centre-ville de Strasbourg.
Merci à tous de rester chez vous en attendant une clarification de la situation”, écrit-il à ses administrés.
La situation est encore confuse mais un homme vient d’ouvrir le feu, en plein centre-ville, dans le secteur très fréquenté du marché de Noël, avant de s’engouffrer dans un taxi, selon une source proche de l’enquête. D’après une autre source, le chauffeur de taxi, indemne, a indiqué aux policiers que le suspect était blessé.
À part ça, l’homme reste introuvable.
“Les militaires de la force sentinelle ont fait usage de leurs armes pour tenter d’intercepter l’assaillant.
Entre 20H20 et 21H00, il s’est confronté par deux fois à nos forces de sécurité avec systématiquement des échanges de tirs”, a indiqué Christophe Castaner.
L’homme a réussi à pénétrer dans le périmètre de ce site pourtant sous étroite surveillance dans le contexte de menace jihadiste élevée d’autant que le site avait fait l’objet d’un projet d’attentat en décembre 2000.
Quel est le bilan de l’attaque?
La situation concernant le bilan est resté confuse plusieurs heures.
Selon un point de situation communiqué à l’AFP vers 01H00 mercredi par le maire de Strasbourg Roland Ries, l’attaque a fait “quatre morts et une dizaine de blessés dont trois ou quatre dont le pronostic vital peut être engagé”.
Vers 23H15 la préfecture du Bas-Rhin évoquait deux morts, 6 blessés graves et 6 blessés légers.
Finalement, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a indiqué que le suspect avait fait trois morts et 12 blessés, dont 6 en urgence absolue. Ce qui signifie qu’il est probable que le bilan s’alourdisse ces prochaines heures.
Aucune information n’était disponible sur l’identité ou l’âge de ces victimes.
L’état-major des armées a par ailleurs indiqué dans la soirée qu’un soldat Sentinelle avait été blessé légèrement à la main par le ricochet d’un tir de l’assaillant.
À noter que l’attaque n’a pour le moment pas été revendiquée.
Qui est le suspect?
Pour l’heure, son identité n’a pas été révélée, mais plusieurs médias ayant obtenu son nom le désigne sous le diminutif de Chérif C.
Selon une source proche de l’enquête, cet homme de 29 ans né à Strasbourg a été fiché “S” en 2016, l’abréviation pour “Sûreté de l’Etat”, par les services antiterroristes.
Selon une autre source proche de l’enquête, il avait été signalé par la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) lors d’un passage en prison où il s’était fait remarquer pour des violences et son prosélytisme religieux.
Avant son passage à l’acte, le fuyard était déjà recherché dans une affaire distincte, un vol à main armée, selon une source proche du dossier, tandis qu’une autre source a évoqué une enquête pour tentative d’homicide.
Le matin-même de l’attaque, les gendarmes ont mené un coup de filet dans le cadre de cette affaire de droit commun, interpellant plusieurs hommes. Mais dans leurs “objectifs”, il manquait le futur tueur, introuvable à son domicile qui a pu toutefois être perquisitionné.
Se sachant recherché, l’homme a-t-il basculé dans un périple meurtrier ? Si ses motivations précises restent à établir, le parquet antiterroriste a estimé les indices suffisants pour ouvrir une enquête pour “assassinats et tentatives d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste” et “association de malfaiteurs terroriste criminelle”.
À noter également que les réseaux de sympathisants de l’Etat islamique se sont réjouis de cette attaque, a constaté la plateforme de veille des réseaux jihadistes SITE.
Quels moyens déployés?
Dans son allocution, le ministre de l’Intérieur a indiqué que “350 policiers et gendarmes” ont été déployés sur place pour mettre le suspect “hors d’état de nuire”.
Ces forces sont appuyées “par deux hélicoptères, le RAID, la BRI et la force Sentinelle”.
Par ailleurs,”des moyens supplémentaires ont été mobilisés par le gouvernement et sont en cours d’acheminement sur Strasbourg”.
L’appareil sécuritaire français a franchi un nouveau cap dans la vigilance.
“Nous sommes actuellement en France en posture vigipirate renforcée, le gouvernement vient de décider de passer en urgence attentat, avec la mise en place de contrôles renforcés aux frontières, et des contrôles renforcés sur l’ensemble des marchés de Noël en France pour éviter le risque de mimétisme”, a aussi précisé Christophe Castaner.
Quelle est la situation à Strasbourg?
La traque continue dans la métropole alsacienne. Après avoir demandé l’évacuation du centre-ville et procéder à des mesures de confinement, celles-ci ont été levées dans la nuit.
“La ville fait l’objet d’un quadrillage renforcé”, a indiqué Christophe Castaner.
Concernant le marché de Noël, le maire de la ville a décidé “la fermeture du marché de Noël mercredi, ainsi que l’annulation de tous les spectables prévus dans les équipements culturels strasbourgeois”.
Roland Ries a également fait savoir qu’il n’y “aurait pas de cours dans les écoles maternelles et élémentaires dans lesquelles un accueil sera toutefois proposé aux enfants dont ls parents ne peuvent la garde”. Par ailleurs, “l’accueil des élèves sera assuré mercredi matin dans l’ensemble des collèges et lycées de Strasbourg par les professeurs et les personnels”, a également indiqué l’Académie de Strasbourg.