La nécessité de développer des mobilités douces et non polluantes crée une nouvelle jungle urbaine, où des engins profitent d’une incertitude, voire d’un vide juridique pour rouler en dépit du bon sens.
En attendant que la nouvelle loi d’orientation des mobilités, attendue début 2019, n’encadre ces nouvelles pratiques, le magazine de Bernard de La Villardière rappelle que 40 % des accidents ont lieu en agglomération.
En 2017, 500 piétons ont perdu la vie en marchant dans la rue, dont une trentaine sur le trottoir !
Des règles balbutiantes
La trottinette n’a plus rien d’une patinette. Elle peut emprunter les trottoirs si elle ne dépasse pas 6 km/h et les pistes cyclables si elle roule à moins de 25 km/h.
Mais certains modèles électriques atteignent les 40 voire les 85 km/h !
Or, en cas de collision, les utilisateurs ne sont pas couverts par leur responsabilité civile, causer un accident avec un véhicule électrique évoluant à plus de 4 km/h étant une clause d’exclusion…
Geoffroy Bouchard, maire du XVIIe arrondissement de Paris, dénonce : « On veut tous développer des mobilités douces, mais l’installation de certaines infrastructures est aberrante. »
Les deux-roues motorisés sont dans le viseur de la mairie de Paris. En un an, le nombre de PV pour stationnements gênants a été multiplié par plus de 60.
Mais, avec 100 000 deux-roues motorisés en circulation contre 50 000 emplacements pour stationner, comment faire ?
Une brigade spéciale ou des sociétés privées se chargent des enlèvements. Pour rattraper ceux qui se faufilent, les policiers doivent eux aussi commettre des impairs forcés.
La loi exige d’autre part que les conducteurs de motos 125 cm3 suivent une formation de sept heures, à 200 €. Enquête exclusive filme une auto-école conciliante qui la propose pour 160 € en espèces…
Des collectifs défendent leur pré carré
Face à l’anarchie ambiante, chacun s’organise. Jean-Paul Lechevallier, qui dirige l’association 60 Millions de piétons, défend le droit des bipèdes.
Le collectif Ras le scoot part en croisade tandis que la fragile vélosphère s’organise pacifiquement au risque de se faire insulter et bousculer.
Ces collectifs multiplient sur les réseaux sociaux les vidéos et les photos d’actes d’incivilité commis contre eux. « La caméra est une arme 2.0 », explique un activiste à vélo.
Les cyclistes doivent cependant apprendre à respecter les feux et à différencier les pistes conseillées (carré bleu) des pistes obligatoires (rond bleu).
Car, finalement, chacun, plus ou moins persuadé de son bon droit et de son impunité, ne résiste pas à la tentation de l’infraction…
Crédits photos : Capture d’écran