Emmanuel Macron reçoit ce mercredi soir plus de 1000 maires à l’Élysée. Les sujets de friction ne manquent pas.
Ils viendront en ordre dispersé. Invités à écouter Emmanuel Macron ce mercredi soir à l’Élysée, certains maires traînent les pieds, entre courtoisie républicaine et déception après la décision du chef de l’État de ne pas s’exprimer dans le cadre de leur congrès. Un millier de maires sont conviés à l’Élysée sur les 9000 présents au congrès de l’Association des maires de France (AMF), qui se tient jusqu’à jeudi à Paris. “Certains d’entre nous sont invités au château, comme le suzerain convoque ses vassaux, s’agace auprès du Monde le premier vice-président de l’AMF, André Laignel. Cela fait plus Ancien Régime que nouveau monde.”
Il faut dire que les relations restent tendues entre l’État et les communes. Elles reprochent à l’exécutif des décisions trop verticales et s’estiment lésés par les réformes des aides sociales et des impôts locaux. Les maires sont dans “une logique de revendication et de négociation”, a affirmé la semaine dernière le président de l’AMF François Baroin. L’Express revient sur les points de friction.
La suppression de la taxe d’habitation
Les maires s’interrogent sur les conditions dans lesquelles va être compensée la perte, pour les communes, du montant de la taxe d’habitation, que l’exécutif a décidé de supprimer d’ici 2020. Plusieurs scénarios sont évoqués et les élus redoutent une réforme qui mettrait à mal l’autonomie fiscale des collectivités à laquelle ils sont viscéralement attachés.
Selon Le Figaro, une piste est privilégiée: elle consiste à retirer aux départements une partie de la taxe foncière pour l’attribuer aux communes, qui profitent déjà de l’autre part. Une fraction d’un impôt national (TVA, CSG…) irait également aux communes pour assurer la compensation.
Les moyens en question
Au-delà de la taxe d’habitation, les communes s’interrogent sur leurs capacités à exercer leur missions. Les petites villes sont dans une situation financière “toujours fragile”, malgré une “bonne maîtrise” de leurs dépenses, comme l’a mis en lumière une étude de la Banque postale la semaine dernière. Dans ce contexte, la réforme de la fiscalité locale qui doit être discutée dans les prochains mois inquiète les élus. “Le grand test va être la refonte de la fiscalité locale où il ne sera pas question de jouer les uns contre les autres”, met en garde le président du Sénat, Gérard Larcher (LR).
Les sujets des dotations et des emplois aidés sont aussi au coeur des inquiétudes des maires. Les dotations des communes font l’objet de divergences d’interprétation entre l’État et les mairies. Emmanuel Macron a affirmé en avril que les dotations des communes rurales “ne baissent pas d’un centime” en 2018. François Baroin assure lui que “vingt-deux mille communes” ont vu leur dotation baisser cette année, rappelait Le Monde en avril.
#balancetonmaire
Autre point de friction: la campagne balance ton maire, lancée mi-octobre par des militants d’En Marche sur les réseaux sociaux, pour dénoncer des hausses de la taxe d’habitation dans certaines communes, a été vécue comme une humiliation par nombre d’élus et alimente le malaise.”#balancetonmaire a fait des dégâts considérables”, a affirmé jeudi le président du Sénat Gérard Larcher, qui y voit “la totale d’une défiance à l’encontre des élus”.
Les maires ont par ailleurs lancé en ouverture de leur congrès une campagne nationale #MaCommuneJyTiens à destination du grand public programmée de longue date avec un mot d’ordre, “On le fait !”
Le spleen des maires
Les élus s’inquiètent également des conditions d’exercice de leurs mandats. Selon une enquête du CEVIPOF (Science Po), un maire sur deux ne souhaite pas se représenter aux municipales de 2020. Un phénomène qui, s’il n’est pas nouveau, s’accentue. En cause: l’inquiétude des élus face au poids des responsabilités et au manque de moyens financiers pour les assumer.
Source : L’express.fr
Crédit photo : capture d’écran